27 janvier 2014
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Sud Ouest: Un fil relie l’Europe de 1914 et celle où nous vivons. Comment l’entendez-vous ?
Jean-Pierre Chevènement: Il y a un lien entre l’état de l’Europe, avec son déclin démographique, politique, économique, militaire, et la " guerre de trente ans " qui éclate en 1914 et finit en 1945. Mais je vois aussi dans le magma d’impuissances conjuguées qu’est l’Union européenne actuelle le fruit de la façon dont on a fait l’Europe sans les nations, voire contre elles, selon la "méthode Monnet". Alors que les nations émergentes sont portées par un esprit conquérant et confiant, les nations européennes croulent sous le remords de crimes qu’elles n’ont pas commis.
Est-ce la malédiction de 1914-1918 ?
Les nations ne sont pas responsables. Les causes de la guerre sont à chercher dans la première mondialisation libérale, opposant l’Empire britannique à l’essor de l’Allemagne impériale. J’incrimine les dirigeants allemands de l’époque, qui déclenchèrent une guerre préventive dont ils n’avaient nul besoin. En revanche, j’exonère le peuple allemand de la responsabilité morale du conflit : on lui fit croire qu’il était menacé. Les Français, eux, furent agressés et montrèrent une exceptionnelle capacité de résistance, y compris après la défaite de 1940, ce qui valut au pays de revenir au premier rang. 14-18 est le début de la tragédie européenne qui se poursuit en 39-45, mais ne sombrons pas dans une repentance qui n’a pas lieu d’être : la dévalorisation des nations a servi de prétexte à une Europe qui, en se bâtissant hors d’elles, n’est pas démocratique.
Jean-Pierre Chevènement: Il y a un lien entre l’état de l’Europe, avec son déclin démographique, politique, économique, militaire, et la " guerre de trente ans " qui éclate en 1914 et finit en 1945. Mais je vois aussi dans le magma d’impuissances conjuguées qu’est l’Union européenne actuelle le fruit de la façon dont on a fait l’Europe sans les nations, voire contre elles, selon la "méthode Monnet". Alors que les nations émergentes sont portées par un esprit conquérant et confiant, les nations européennes croulent sous le remords de crimes qu’elles n’ont pas commis.
Est-ce la malédiction de 1914-1918 ?
Les nations ne sont pas responsables. Les causes de la guerre sont à chercher dans la première mondialisation libérale, opposant l’Empire britannique à l’essor de l’Allemagne impériale. J’incrimine les dirigeants allemands de l’époque, qui déclenchèrent une guerre préventive dont ils n’avaient nul besoin. En revanche, j’exonère le peuple allemand de la responsabilité morale du conflit : on lui fit croire qu’il était menacé. Les Français, eux, furent agressés et montrèrent une exceptionnelle capacité de résistance, y compris après la défaite de 1940, ce qui valut au pays de revenir au premier rang. 14-18 est le début de la tragédie européenne qui se poursuit en 39-45, mais ne sombrons pas dans une repentance qui n’a pas lieu d’être : la dévalorisation des nations a servi de prétexte à une Europe qui, en se bâtissant hors d’elles, n’est pas démocratique.