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G. Brustier et J-P. Huelin - Militants socialistes | Mercredi 12 Août 2009 à 12:01 | Lu 427 fois
Les militants sont lassés par le PS, la déprime a envahi la rue de Solferino, l'espoir de reconquérir le pays par la gauche semble illusoire... Pour Gael Brustier et Jean-Philippe Huelin, militants PS, un débat peut réveiller la gauche, toute la gauche: celui des primaires. Avec, en tête, Arnaud Montebourg et Olivier Ferrand, qui souhaitent s'adresser non seulement au PS, mais à tous les partis de gauche.
Parce que le naufrage électoral menace et que, plus encore, c’est à une défaite historique que l’on peut s’attendre, aucune des familles de la gauche n’a intérêt à se désintéresser de cette question des primaires. Les socialistes peuvent y trouver un moyen de renouer avec les classes populaires, les communistes le moyen de reconvertir une tradition politique estimable, les amis de Jean-Pierre Chevènement celui de faire peser de nouveau l’exigence républicaine, les altermondialistes celui de promouvoir des idées innovantes, les écologistes celui d’irriguer l’ensemble de la gauche de leurs vues. Toutes ont intérêt à engager une forme de « compétition coopérative » par laquelle les citoyens progressistes contribueraient à forger l’outil commun d’une victoire électorale, la désignation d’un leader et la mise en avant des idées qui pourraient permettre à la gauche française de gouverner dans la durée.
Si la question des primaires concerne toute la gauche, faire basculer le Parti Socialiste est pour nous une priorité. Pour cela, il faut enfin faire rendre gorge à la fausse idée récemment apparue dans les esprits socialistes que le leader est l’ennemi du projet. On se souvient pourtant que la prise à la hussarde du PS en 1971 avait réglé pour longtemps cette question permettant au cours des années 1970 de parler surtout du « Projet Socialiste » fondateur de la victoire du peuple de gauche en 1981 ! En réalité, si les réticences face aux primaires restent importantes dans l’appareil du PS, c’est essentiellement à cause des primaires internes de 2006 qui ont désavoué (définitivement ?) les faux ennemis mais vrais jumeaux produits au cours des années 1980-1990 par l’appareil du PS : Fabius et Strauss-Kahn ! Avec les primaires, la possibilité de voir émerger un « homme nouveau », comme le fut Ségolène Royal, est un risque que la nomenklatura de Solferino ne souhaite pas rééditer. Elle craint de ne pas tenir le candidat, voilà tout !
Le mode opératoire retenu par Arnaud Montebourg et Olivier Ferrand est loin d’être inintéressant puisqu’il tend à dépasser le strict cadre du PS en s’adressant à tous les partis de gauche pour s’adresser in fine à des millions de citoyens français. Notons que la rupture avec les classes populaires ne concerne pas uniquement le Parti Socialiste mais tous ceux qui ont, pendant quelques décennies, incarné les attentes et les espoirs d’une large majorité des ouvriers et des employés français. Les primaires sont le seul moyen dont nous disposons à court terme pour leur redonner la parole. Il y a en effet nécessité à dépasser cette réalité organique quelque peu étriquée que sont les partis de gauche. Loin d’être le produit d’appareils jugés désuets, les primaires peuvent être le début d’une régénération intellectuelle et civique de la gauche française, la première pierre posée à l’édification d’un parti de toutes les gauches, enfin conscient des enjeux nés de la globalisation. Ce grand moment de citoyenneté que seraient les primaires de la gauche française peut y contribuer…
Il y a donc urgence à imposer ces primaires ! Pour les citoyens attachés aux valeurs progressistes, il est temps d’exercer un droit d’ingérence dans les affaires du Parti Socialiste et de ses partenaires.